XXe journées de la Société Française des Infirmiers en Soins Intensifs

18 et 19 janvier 2001 au CNIT – Paris – La Défense

Rédaction par Anne Sophie DUMON

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Texte complet (document PDF 60 Ko)

Thèmes :

Présentation de la SFISI
Le dossier de soins informatisé
Accueil et information des familles
La trachéotomie sur site
Prévention d’escarre
Choc septique à méningocoque
Réchauffement des patients hypothermes
Gestion des cathéters veineux centraux
Posters
Les gestes d’urgence

 

Présentation de la SFISI :

Cette association est née en 1981. Elle regroupe des IDE de services de réanimation, de soins intensifs et de médecine d’urgence adulte et pédiatrique.

Sa finalité est :

d’établir une communication entre les services français et étrangers
contacter et solliciter les équipes soignantes pour qu’elles confrontent leurs méthodes de travail
élaborer des projets de recherche à partir de travaux infirmiers
d’organiser le perfectionnement théorique et pratique de ses membres
de faire circuler les informations concernant les réunions scientifiques, les techniques et les nouvelles thérapeutiques par des journées de formation
d’organiser des rencontres nationales et internationales

Les moyens financiers de l’association proviennent principalement des cotisations et des Journées de formation.

Pour toute information : www.sfisi.asso.fr

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Le dossier de soins informatisé :

Le service de réanimation du centre hospitalier intercommunal Annemasse-Bonneville dispose de 8 lits de réanimation polyvalente et accueille 544 malades par an, pour une durée moyenne de séjour d’environ 5,75 jours.

Objectif du projet :

informatisation totale du dossier de soins
suppression de tout support papier

Un comité de configuration (2 AS et 7 IDE encadrés par le médecin et le cadre infirmier) a travaillé sur le choix du logiciel puis sur sa configuration pendant 6 mois.

1 300 heures de préparation ont été nécessaire avant la mise en application du programme informatique Care Vue 9000 TM.

Le paramétrage et l’utilisation de ce nouveau support ont été présentés à l’équipe au court de deux journées de formation.

4 agents ont été formés plus spécifiquement comme formateurs.

Points forts :

enregistrement horaire automatique des paramètres monitorés (FC, PA, FR, Saturation)
plus de recopiage itératif
gain de temps
les paramètres non monitorés sont rentrés manuellement et validés par le soignant à l’aide de fenêtres proposant un " choix sur liste " (évite les oublis et les erreurs de frappe)
le bilan entrées/sorties quotidien se calcule automatiquement d’après les volumes perfusés et les pertes saisies
le document informatique est évolutif (possibilité d’interrompre ou d’ajouter des lignes de surveillance)
chaque utilisateur s’identifie et signe les données qu’il entre grâce à un mot de passe personnel
seuls les médecins peuvent prescrire
les traitements apparaissent clairement sur une planification horaire et sont validés ou reportés si besoin par l’infirmière
suivi des équipements (date de pose ou de retrait) et des pansements (date de réfection + observations)
répertoire des examens prévus ou réalisés
tous les prélèvements sanguins sont enregistrés avec leurs résultats
synthèse chronologique du séjour en réanimation
présentation des données concernant le patient (date de naissance, allergies, ATCD, etc)
transmissions ciblées pré écrites + possibilité de texte libre

Points faibles :

investissement financier : 1 million 700 milles francs
les pannes (rares !)
l’impression papier reste légalement obligatoire
temps de formation des nouveaux soignants

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Accueil et information des familles en réanimation :

L’accueil et l’information des familles dans les services de réanimation est un problème récurrent rencontré par les soignants. Cependant, ces derniers ne trouvent pas toujours les moyens d’y remédier, rendant prioritaires les actes techniques inhérents à la spécialité.

Sur l’initiative du cadre de santé, un groupe de travail a donc été formé pour évaluer les pratiques professionnelles en matière d’accueil et établir une procédure de prise en charge des familles.

Analyse des processus actuels :

enquête auprès du personnel par un questionnaire
enquête de satisfaction auprès des familles

Moyens mis en œuvre pour améliorer l’accueil :

accueil et information des familles assurés à tous les niveaux de compétence
les hospitalisés et leurs proches sont informés du nom des praticiens et des personnels
préservation du secret médical (la famille ne peut pas avoir accès au dossier, et ne peut pas connaître les traitements mis en œuvre)
livret d’accueil
accueil = soin à part entière (planifier un temps d’échange)
identification dans le dossier de soins des différents membres de la famille et de leurs coordonnées
nature des informations à communiquer et autorisations exceptionnelles sur avis médical
les visiteurs ne doivent pas gêner le fonctionnement du service
procédure pour la communication de nouvelles par téléphone (type d’information à donner, garder trace des appels)

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Expérience de la trachéotomie chirurgicale en service de réanimation :

Définition :

Ouverture temporaire de la trachée réalisée chirurgicalement à 1 ou 2 cm au-dessous du cartilage cricoïde pour la mise en place d’une canule de trachéotomie.

Indications :

intubation prolongée ³ à 7 jours
difficultés de sevrage ventilatoire
IRC évoluée
déficit neurologique central ou périphérique atteignant le carrefour oropharyngé avec des troubles de déglutition

Contre-indications :

troubles de la coagulation et de l’hémostase

Organisation du soin :

rassembler le matériel d’asepsie et le matériel chirurgical
préparer les drogues anesthésiques
prévoir insufflateur manuel et masque facial
chariot d’urgence
monitorage du patient (FC, PA, Saturation)
préparation du champ opératoire large puis protection par champ stérile
patient en décubitus dorsal strict, billot sous les épaules pour mettre la tête en hyperextension
préoxygénation du patient à 100% de FiO2
lavage chirurgical des mains et habillage stérile pour les deux opérateurs

Réalisation du geste :

surveillance par l’IDE des paramètres HDM et respiratoires
aspiration trachéale
le ballonnet est dégonflé et la sonde d’intubation est enfoncée pour éviter que le ballonnet ne soit percé (risque de ventilation sélective à ce stade)
incision de la trachée
la sonde d’intubation est retirée de façon à ce que son extrémité soit positionnée au-dessus de l’incision
mise en place de la canule de trachéotomie et aspiration trachéale
le ballonnet est gonflé
branchement au respirateur
extubation
contrôle radiologique
gaz du sang ½ heure après le geste

Rôle infirmier après le geste :

réinstaller le patient
remettre FiO2 à sa valeur antérieure
rangement et entretien du matériel
surveillance HDM et respiratoire
surveillance locale du site opératoire

Complications :

saignements modérés = surveillance du pansement
hématome cervical
emphysème sous-cutané cervical
pneumothorax

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Prévention d’escarre :

Présentation de l’étude

Durée de l’étude : du 1er mai au 30 juin 1999
Critères d’inclusion à la randomisation : patient ayant une peau saine à l’admission dans le service (54 patients inclus)
Tirage au sort du produit à utiliser (ComfeelÒ ou BiafineÒ ) pour étude comparative
Evaluation du score de gravité à l’admission du patient et réévaluation tous les 7 jours ou si aggravation

Echelle d’évaluation des escarres

Stade 0 : peau saine
Stade 1 : érythème
Stade 2 : phlyctène
Stade 3 : nécrose
Stade 4 : ulcération
Stade 5 : guérison

Résultats

Randomisation non valide. L’équipe soignante a contourné la technique d’analyse statistique. Défaut d’objectivité : le personnel a continué à utiliser la BiafineÒ plutôt que le ComfeelÒ pour des raisons de contrainte d’utilisation…

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Choc septique à méningocoque :

Présentation d’un cas concret

Tableau clinique

Patiente de 19 ans, étudiante en droit. La veille de son admission, elle souffre d’hyperthermie et de frissons. En 6 heures, son état s’aggrave et elle est hospitalisée puis transférée dans les 12 heures en Soins Intensifs.

A l’admission, la patiente présente :

malaise généralisé
myalgies intenses
céphalées
hypotension, tachycardie
insuffisance rénale aiguë
hyperthermie > 40°
purpura fulminans avec nécrose tissulaire et cutanée des extrémités
CIVD
SDRA

Le diagnostic de choc septique à méningocoque est rapidement posé et confirmé plus tard par les hémocultures et la ponction lombaire.

Traitement

antibiothérapie adaptée (Pénicilline à haute dose : 2.106 UI/2 heures)
administration rapide de colloïdes pour maintenir la volémie
petites doses de corticoïdes
vasopresseurs (peuvent être délétères au niveau des lésions ischémiques)
cathétérisme cardiaque droit
drogues alpha et bêta-mimétiques pour améliorer l’état vasoplégique de la patiente
lutte contre l’hyperthermie
hémofiltration continue (correction rapide de l’hyperthermie, de l’acidose lactique et des troubles métaboliques sans altération hémodynamique)
nutrition entérale et parentérale
analgésie et sédation profonde
ventilation assistée pour ne pas accentuer l’hypoxie tissulaire
utilisation de protéines C pour diminuer l’étendue des lésions de CIVD (en étude clinique)

Soins infirmiers

traitement des lésions cutanées quotidien et suivi
observation et évaluation des pétéchies
plan de soins élaboré sur avis d’un chirurgien plasticien pour limiter les mutilations qu’entraîne l’affection
pansage de la manière la plus stérile possible
attelles pour éviter les rétractions (poignets-mains-doigts) et kinésithérapie de mobilisation

Evolution

Sur 40 jours :

au septième jour : nécrose des extrémités
puis phase de récupération des tissus ischémiés en de nombreux endroits
stabilisation de certaines lésions
après 12 jours, les territoires d’amputation sont limités
Chirurgie 14 jours après l’admission (amputations métatarses, phalanges, excision plantaire bilatérale, escarrectomie au niveau du coude droit, excision des lésions nécrotiques)
stabilisation de l’état septique et hémodynamique
persistance de l’insuffisance rénale
réveil, extubation

Conclusion

Malgré l’état HDM très instable initial et l’importance et la vitesse d’apparition des lésions cutanées, une thérapeutique et des soins intensifs ont permis à la patiente de retrouver une qualité de vie acceptable.

Une prise en charge psychologique lourde a permis à la patiente de relativiser ses séquelles et d’accepter totalement son état.

Après un an, elle a bénéficié d’une transplantation rénale.

Actuellement, elle mène une vie normale et a repris des études… d’infirmière.

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Modalités de réchauffement des patients de réanimation :

Mesure de la température

Seule compte, en clinique, la température du noyau central.

Choix du lieu de mesure :

Recueil par thermomètre au gallium ou électronique

la mesure rectale (peut être traumatique)
la cavité buccale (en sublingual)
la voix axillaire ou inguinale (très dépendante de la circulation cutanée donc peut fiable)

Autres moyens de mesure

l’artère pulmonaire (par sonde de Swan-Ganz) = mesure de référence
température auriculaire (recueil par infrarouge)
la vessie (par capteur intégré dans la sonde urinaire)

Différentes techniques de réchauffement

En réanimation, ce problème ne se pose que lors de certaines situations cliniques entraînant une hypothermie. C’est le cas de certains sepsis graves, de certaines intoxications médicamenteuses et dans les hypothermies dites accidentelles.

En cas d’hypothermie modérée (t° < à 32°C) on peut réchauffer le patient avec des moyens simples :

couvertures
ambiance chaude
air pulsé chauffé

Ces moyens permettent de faire gagner 0,5 à 2°C/h.

En cas d’hypothermie profonde, le moyen privilégié en réanimation consiste à la dialyse rénale avec un bain réglé entre 37° et 39°C.

TEST : le service a essayé un système de régulation thermique radiant. Une lampe émet des rayons infrarouges qui chauffent la région cutanée positionnée sous elle.

Ce nouveau système permet de gagner 3 à 4°C/h et autorise un accès permanent au patient. Il ne génère aucun consommable.

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Posters présentés :

Prise en charge de la réanimation cardio-pulmonaire en pédiatrie
Les infirmières de réanimation et l’épuration extra rénale
La maîtrise de l’épuration extra rénale par les infirmières de réanimation
Faut-il " protocoliser " les soins ?
Protocole d’isolement septique/lutte contre les BMR
L’audit clinique : évaluation de la qualité des soins
Suivi sur 30 mois d’un plan de prévention d’escarres
Echanges plasmatiques en réanimation
La prévention d’escarre
Communiquer pour mieux soigner
Syndrome confusionnel de la personne âgée
Livret d’accueil
Evaluation de la période d’intégration des infirmières en soins intensifs adultes
La broncho-aspiration du patient intubé
Arrêt et limitation thérapeutique : enquête
Etude de la charge de travail infirmier à l’arrêt de la sédation

Tous ces thèmes sont développés dans le livre " Enseignement supérieur en soins infirmiers adultes et pédiatriques 2001 " édité par la SFISI (à consulter en salle de soins).

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Gestion des cathéters veineux centraux :

Indications

administration de solutés hyperosmolaires (alimentation parentérale)
injection de médicaments veinotoxiques (chimiothérapie)
administration de Kcl, de médicaments vasoconstricteurs (noradrénaline), etc.
les mesures hémodynamiques (PVC ou Swan-Ganz)
nécessité d’une veineuse fiable quand le réseau périphérique est pauvre ou peu sûr
l’urgence (en cas d’impossibilité d’obtenir un abord veineux périphérique)
l’hémodialyse et l’hémofiltration

Voies d’introduction :

Toutes les veines mènent à l’oreillette droite, la technique de mise en place d’une VVC consiste donc à introduire le cathéter par une veine périphérique de gros calibre et à le pousser jusqu’à la veine cave supérieure, inférieure ou l’oreillette droite.

La veine sous-clavière

Voie veineuse centrale de référence. Zone de maintenance facile (pansement, asepsie)

La voie jugulaire interne

Ponction parfois difficile car la veine peut se collaber à la phase inspiratoire, ce qui peut justifier la mise en position de Trendelenburg du patient pendant la ponction. Risque de pneumothorax faible.

La veine fémorale

Ponction aisée réservée couramment à l’urgence. Risque septique important. Cette voie est souvent utilisée pour les cathéters d’hémodialyse et d’hémofiltration.

Complications

ponction artérielle accidentelle
hématome compressif
fausse route
cathétérisme artériel
ponction trachéale
l’infection
thrombophlébite et embolie
migration du cathéter

Installation du patient

L’installation du patient conditionne en grande partie la réussite de la pose et les limite les complications immédiates. Le décubitus dorsal est l’élément commun à la pose de toutes les voies d’abord veineux central. Un certain degré de déclive s’impose pour les sites d’implantation thoraciques supérieure compte tenu du risque d’embolie gazeuse.

Préparation cutanée du site d’implantation

dépilation (tondeuse)
savonnage dans la gamme antiseptique choisie, et rinçage à l’eau stérile
application de l’antiseptique

Matériel

La longueur du cathéter est fonction du site d’implantation et du morphotype du patient

Veines centrales

Droite (cm)

Gauche (cm)

Jugulaire interne

15

20 à 25

Sous-clavière

15

20 à 25

Fémorale

20 à 60

20 à 60

Habituellement on réserve une voie (proximale) pour les amines ou les médicaments délivrés à débit continu par seringues autopulsées.

La voie distale est utilisée pour les autres médicaments et les solutés.

Recommandations en matière de lutte contre les infections sur cathéters

réfection du pansement 24 heures après la pose puis toutes les 48 heures
réfection systématique du pansement si celui-ci est souillé ou non occlusif
tenue propre, port de masque, charlotte et gants stériles pour l’infirmière qui refait le pansement
toutes les manipulations des lignes se font après lavage antiseptique des mains et à l’aide de compresses stériles imbibée d’alcool iodé

Gestion des lignes de perfusion

 

Systématiquement

Toutes les 24 heures

Toutes les 72 heures

tubulures

tubulures

tubulures

Produits sanguins

Glucosés ³ 20%

Glucosés 2,5 ou 5%

Solutions lipidiques

Mannitol

Sérum physiologique

Solutés de remplissage

Alimentation parentérale

Ringer Lactate

antibiotiques

Bicarbonates

Robinets

 

Pro-dafalgan

Rampes de robinets

 

Prolongateurs de seringues

Cellules de pression

   

Dispositif de débit © itératif

   

Soluté de poche de pression

     

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Les gestes d’urgence :

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